Présentation

Processus

Sainte Jeanne des Abattoirs

Résumé

À quoi sert le théâtre selon Bertolt Brecht ?

« Les drames actuels que l’on peut qualifier d’utiles sont ceux qui naissent, me semble-t-il, de l’étonnement de leurs auteurs face aux événements de la vie. L’envie d’y mettre un peu d’ordre, de s’inventer des modèles et de se donner une certaine tradition dans l’aptitude à surmonter les obstacles est à la base de ces drames de notre temps marqué tout entier par l’entrée des hommes dans les grandes villes. » Bertolt Brecht.

Bertolt Brecht a écrit Sainte Jeanne des abattoirs en 1930. L’Europe subissait de plein fouet les conséquences d’une crise économique. Le fascisme était déjà en place en Italie. En Allemagne, Hitler venait de faire plus de 18% des voix aux élections.

Brecht écrit trois histoires en une seule, selon trois points de vue, et selon trois approches d’une situation et des plans de conséquences qu’elle dessine pour les subjectivités.

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En toile de fond : Chicago, et ses abattoirs. Plus de 100 000 ouvriers travaillent à la chaîne pour tuer les millions de bœufs, cochons, moutons qui alimentent le marché américain.

La première histoire, donc, raconte la réorganisation d’une filière économique selon les règles du capitalisme. Les Rois de la Viande, les Géants de la Conserve, les Magnats des abattoirs, se font la guerre, et, de magouilles en délits d’initiés, d’OPA en faillites, provoquent « une crise » qui n’est pas sans bénéficiaires.

Sur le mode d’un conte initiatique, la deuxième histoire nous fait suivre le cheminement de Jeanne Dark, entre errances, atermoiements, et prises de conscience. La Sainte de Brecht est une « héroïne » malmenée : sa foi en l’humanité, son désir d’un monde juste, ses principes moraux, et son petit savoir rhétorique vont être mis à l’épreuve. La Sainte Jeanne de Brec…

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à propos

Pierpont Mauler, roi de la viande et magnat de la conserve, veut se débarrasser de ses concurrents en les entraînant à la faillite, ce qui a pour effet d’accroître le chômage des ouvriers des abattoirs. Membre des « Chapeaux noirs » (sorte d’Armée du Salut), Jeanne Dark croit à la pitié. Devant les portes des usines et face aux ouvriers au chômage qui crient leur colère et leur dénuement, elle discourt sur l’élévation spirituelle et l’espoir d’une vie meilleure, dans l’au-delà. Pour soulager concrètement la misère des travailleurs de Chicago, elle entend faire appel aux bons sentiments du roi de la viande et convaincre Pierpont Mauler, de réembaucher. D’échec en échec, Jeanne se rend compte que l’Armée du Salut des Chapeaux noirs, en désamorçant la colère des ouvriers par des consolations d’ordre uniquement spirituel, se fait la complice des industriels.

Elle rend son chapeau, quitte l’organisation religieuse et, du même coup, perd son emploi. Tandis que la ville de Chicago est au bord de la grève générale, Jeanne cherche à employer son énergie et ses talents d’oratrice au service de la cause des chômeurs. Un message lui est confié par des grévistes, qu’elle doit transmettre. Ce message est censé relayer l’information d’une grève générale de toutes les usines de Chicago. La police commence à tirer sur les manifestants, la neige tombe sur les rues de la ville et les doutes assaillent Jeanne Dark : la situation est violente, elle appelle à une résistance violente, mais la violence n’est-elle pas mauvaise en soi ? Incapable de renoncer dans la lutte à une part « d’innocence », elle déserte. La grève est réprimée, les meneurs arrêtés. Mauler, quant à lui triomphe : il a monopolisé le marché. Jeanne, à l’agonie, dans une dernière prise de conscience, affirme que « la violence est l’unique recours quand règne la violence ». Bouchers, fabricants de conserve et chœurs des Chapeaux noirs s’appliquent à étouffer ses ultimes harangues sous des chants liturgiques et la canonisent en martyre au service de Dieu et du Capital. Au même moment, des haut-parleurs diffusent l’information d’une crise économique majeure et mondiale.

Distribution

Mise en scène : Marie Lamachère
Traduction de Pierre Deshusses
Avec : Clément Bonnefond, Xavier Brossard, Salif Cissé, Émilie Dreyer-Dufer, Baptiste Drouillac, Michaël Hallouin, Antoine Joly, Abdoulaye Mangane, Gilles Masson, Laurélie Riffault, Gérald Robert-Tissot, Anaïs Vaillant, Damien Valero
Scénographie : Delphine Brouard ; Images et régie vidéo Gilbert Guillaumond
Avec la participation de Laya Bouaziz, Dominique Gal, Omar Khenfech, Jocelyne Quarenghi
Composition musicale : Iris & Bruno (Iris Lancery et Bruno Capelle)
Conseil et montage musical : Renaud Golo
Composition des chansons : Clément Bonnefond, Émilie Dreyer-Dufer, Anaïs Vaillant et Damien Valero
Création et régie lumière Franck Besson
Régie son : Jérôme Belin Persin
Régie générale et régie plateau : Thierry Varenne
Collaboration dramaturgique : Julien Machillot
Documentaliste : Emmanuelle Koenig
Photographe : Soraya Hocine
Construction du décor : Atelier MC2: Grenoble

Production

Production : // Interstices